mercredi 1 août 2007

Table ronde n°4 : « Multimédia : du jeu à l’enjeu éducatif »


Participants :

- Karine Leyzin, Directrice des programmes de Gulli

- Imad Bejani, Directeur des actions éducatives de France 5

- Henri Verdier, Responsable innovation et développement de Lagardère Active

Modératrice : Anne Gintzburger


La thématique de l'enjeu éducatif des jeux multimédias est développée dans un blog d'experts sur le ludo-éducatif : Les écrans ludo-éducatifs


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- A. Gintzburger : Nous allons parler maintenant d'éducation par le virtuel. Nos enfants s'amusent mais ils apprennent aussi. Ils se cultivent. Avec nous, Karine Leyzin, Imad Bejani et Henri Verdier. On va commencer avec vous, Karine : vous êtes directrice des programmes de Gulli…

- K. Leyzin : Je vais tâcher d’être brève, parce que ce qui serait bien, c’est de pouvoir poser pas mal de questions sur le sujet de la télévision que l’on a abordé en matinée. En tant que responsable d'une chaîne jeunesse je me pose beaucoup la question du rôle éducatif de la télévision au quotidien. Cela fait partie de notre charge et de notre envie quotidienne. Dans une société dont on dit qu’elle est en mal de sens, on reçoit beaucoup de critiques sur la télévision. On dit qu'elle nivelle la culture par le bas, qu’elle morcelle la pensée des enfants… Nous sommes assez loin du cas américain. J'ai été étonnée de découvrir récemment un chiffre aux Etats-Unis. Il m'a interpellé. Un jeune Américain, arrivé à l'âge de 16 ans, aura passé autant de temps devant la télé qu'à l'école. Nous n'en sommes pas là. Mais c'est important de parler de l'enjeu éducatif en télévision, et de rappeler les dangers de la télévision lorsqu'elle est regardée par les enfants à travers des programmes pour les adultes. Autre chiffre: il a été controversé, mais 70% de la consommation des enfants se fait à travers des programmes plutôt destinés à des adultes plutôt qu'à destination des enfants. Ce n'est pas leur choix, ils peuvent le regarder par défaut car ils sont amenés à le voir avec des adultes. Mais là aussi, cela nous amène beaucoup de questions. De la même façon, quand vous allez au cinéma, vous allez être ému par une histoire, par un personnage, vous allez peut-être remettre en question certaines de vos opinions ou de vos croyances. Pour un enfant, c’est la même chose.

Il est donc important aujourd'hui de se rendre compte qu'un enfant, effectivement, va apprendre par le biais de la télévision, grâce ou à cause, selon les programmes qui lui sont destinés ou pas. On dit qu'il est passif, mais il n'est pas si passif devant l'écran, car il va ressentir des émotions. Nous avons même prouvé récemment par des études scientifiques poussées que même son corps réagit. Il va passer de moments de tension à des moments de relâchement, au fur et à mesure des problématiques de l'intrigue. D'où l'une des règles que l'on se fixe dans une programmation jeunesse : nous faisons attention d'avoir un dénouement heureux. Il faut que les situations soient claires pour que l'enfant ne soit dans un état de tension après visionnage. La télé éduque, on apprend d’elle, et le rôle d'une chaîne jeunesse, c'est d'essayer d'apporter le plus possible de solutions dans le sens du développement de l'enfant. Il faut avoir un rôle éducatif. Il a plusieurs façons de le faire : il y a une éducation qui ne s'affiche pas réellement, elle passe par le biais du divertissement. Nous entendions tout à l'heure qu’il ne fallait pas que tout se passe par l'humour, c'est vrai, mais cela peut aussi passer par le biais du jeu, le magazine, le ton humoristique peut être une option intéressante. Je pense qu'il peut ouvrir l'enfant et amener plus facilement l'assimilation des connaissances. Le message passe plus facilement lorsqu’il apprend au fur et à mesure de l'intrigue, du magazine ou du jeu, qu’il acquiert des connaissances peu à peu. Il va aussi y avoir l'apprentissage plus affiché, plus pédagogique qui va se rapprocher de l'environnement scolaire. Je parle de mon expérience sur la chaîne Gulli, et de mon expérience sur le service public. Nous passons énormément de messages. Pour une chaîne comme Gulli qui a un bassin très large, c'est une très bonne chose. La gratuité va offrir une opportunité extraordinaire, de proposer différentes formes d'apprentissage. Nous n'allons pas que passer par des programmes proprement dits très éducatifs, nous allons aussi passer par du divertissement pour le faire.

- A. Gintzburger : Ce sont les valeurs qui portent le message, pas tant la nature du programme lui-même ?

- K. Leyzin : Sur les premières secondes du programme, si le dessin animé n'est pas suffisamment attractif, le message ne passera pas. On sait aussi que c'est très difficile : dans la plupart des foyers, on ne va pas se retrouver facilement avec du partage en famille. Ce n'est pas toujours facile de partager avec les enfants, de les accompagner, de prendre du recul, et de le faire le parallèle avec des programmes scolaires. Par rapport à tout cela, cela soulève la question de la responsabilité du diffuseur.

En tant que chaîne jeunesse, nous nous devons d'avoir ça dans notre ADN de chaîne. J'avais envie de vous en parler aujourd'hui, car cela fait partie de notre quotidien : nous avons des filtres automatiques qui se mettent en place, compte tenu des connaissances que l’on a pu acquérir au fur et à mesure de l’exercice de notre métier. On sait qu’un enfant de moins de 3 ans aura toujours de la difficulté à faire la différence entre l'image et son référent, et encore moins avec un personnage. Si nous prenons l'exemple de Robocop, l'enfant ne va pas penser à l'acteur qui joue Robocop mais penser que Robocop existe vraiment. C’est une problématique à laquelle nous devons faire attention, notamment à certaines heures de la journée où l’on sait que les plus petits sont avec leurs grands frères et sœurs en train de regarder l’écran, notamment le matin. Nous savons que le matin, il faut être dans la douceur et vraiment les accompagner. On sait aussi qu'il va y avoir des enfants qui vont progressivement acquérir une vraie différenciation entre la fiction et la réalité, au sens où ils abordent la question de la vraisemblance. Ils vont commencer à distinguer la vraisemblance dite réaliste, comme par exemple on voit dans une fiction un évènement qui lui paraît plausible. L'enfant pourra se dire : cela peut arriver dans la vraie vie. Et puis il y a une vraisemblance diégétique, qui va être liée au genre du programme. Lorsqu'un enfant va regarder un programme de science-fiction, s'il voit un personnage voler, il se dira que c'est normal, mais à partir de 4 ans et progressivement, il saura que ce n'est pas dans cadre de la vraie vie. Il arrive à faire cette différence. Cela met en perspective pas mal de choses, notamment par rapport à la violence. Cela n'exclut pas de se poser la question de l'influence de la fiction chez les enfants, et notamment dans le cadre de toutes les croyances, des attitudes et même les croyances morales ou sociales que cela peut déclencher dans les fictions. Dans les années 80, on a vu énormément de fictions qui mettaient en valeur l'argent et la beauté au premier plan. C'étaient des séries très glamour qui faisaient rêver. Aujourd'hui on peut se poser la question sur les stéréotypes qu'on peut véhiculer dans ces séries. Des dessins animés, on en voit fréquemment encore aujourd'hui, la mère ne travaille pas, et donc est forcément mère au foyer. Les noirs sont forcément des musiciens de rap. Nous ne sommes pas seulement dans des problématiques de la violence, mais aussi dans des problématiques d'apprentissage du sens de la télévision et de tout ce qu’elle véhicule comme croyances et comme valeurs.


Chez nous, nous faisons très attention. Pour être brève, je parlerai de ce qui nous influence dans le choix de nos programmes. Nous allons refuser tout ce qui est de l'ordre de la violence au quotidien, mais aussi les combats gratuits. Une confrontation, oui, c’est possible, parce que même dans les contes c’est quelque chose de très fréquent. Nous avons tous été construits grâce aux contes et à la confrontation du bien du mal. Mais nous allons éviter des confrontations plus violentes, avec des notions de vengeance ou de violence gratuite. Nous allons également éviter une télévision qui sera trop bruyante, un peu hyperactive, pour plutôt essayer de faire une télévision un peu « cocon » qui saura les solliciter sans les hyper-solliciter. Il faut laisser un peu de respiration.

Il y aura aussi toutes les choses que nous allons favoriser. Favoriser une structure de la narration plutôt linéaire, avec un espace temps très délimité, avec des histoires et des dénouements très clairs. Comme je le disais, l'enfant n'est pas passif. Il passe de tensions musculaires à des relâchements. C'est important aujourd'hui de proposer des dénouements heureux, où les situations sont très claires à la fin d'une série ou d'un téléfilm. L'enfant doit se retrouver dans un climat de détente à la fin du visionnage : pour nous, c'est très important. Nous fesons attention à tout ce qui est de l'ordre de l'habillage antenne : pour que l'enfant mette en place son filtre fiction, pour qu'il fasse la différence avec la réalité, c'est important d'avoir une typologie de l'image et un habillage très clair qui différencie ce qui relève du programme, de l'information, de la publicité. Cela lui permettra de décoder les images.

Globalement nous essaierons de développer l'ouverture, le respect, le civisme, la différence, des notions et des valeurs qui sont constitutives de l'enfant. A l'intérieur des programmes nous allons aussi essayer de développer ce qui est de l'ordre de l'inter-générationnel, pour partager des moments en famille, pour les inciter à mieux partager ces moments-là...

Brièvement, je vais vous montrer quelques images. Il y a trois axes importants dans une télévision à visée éducative: la première, c'est d'apprendre aux enfants. Apprendre, c'est possible de façon affichée ou non affichée. C'est possible via le divertissement, les documentaires, le jeu, l’animation, c’est possible à travers plein de thématiques. Il y a aussi tout le monde imaginaire avec les contes et légendes, les animaux, la découverte, l’environnement, la vie quotidienne de la France... Il y a énormément d'occasions d'en parler. Nous allons voir l'image d'un programme très important en matière de visée éducative. Cela traite d'un sujet qui nous concerne tous aujourd'hui: la nutrition. On le sait aujourd’hui, les spots de l’INPES ne suffiront pas, il faut qu’on ait des programmes à l’antenne qui traitent de la nutrition. Je vous propose de voir un petit extrait de « Célestin », une série lancée par France 3 et diffusée sur Gulli…


Diffusion d’un extrait de Célestin.


-K. Leyzin : C'est un exemple rapide. Ce qui est important, ce qu'il faut souligner dans cette phase éducative liée à l'apprentissage pur et dur, c'est le prolongement du Web. Le Web, sur toutes les chaînes jeunesse, prolonge l'antenne. Il est indispensable aujourd'hui de passer la vision de l'éducatif, quelque soit le programme, et comment nous pouvons aller plus loin sur le Web, approfondir les notions, proposer des environnements plus proches de Wikipédia, mais adaptés à l'enfant. Nous pouvons donner toutes sortes d'indications concrètes et d'apprentissage au-delà de l'antenne. C'est aussi une nouvelle occasion de partager avec la famille. Apprendre, comme premier postulat d'une chaîne éducative, c'est aussi s'ouvrir au monde et aux autres. C'est quelque chose qu'il faut faire de manière légère, sans culpabiliser l'enfant : on peut parler de civisme, de pleins de choses... Nous allons regarder un petit extrait représentatif de notre volonté de parler de civisme, via le problème de la non scolarisation et des problèmes que cela peut poser en société.

Diffusion d’une bande annonce « L’instit » et « Ados, le débat ».

-K. Leyzin : Voilà. Quand on parle d'apprentissage, d'ouverture ou autres, on ne peut pas oublier un dernier point fondamental, c'est d'apprendre aux enfants à agir. Il faut les inciter à avoir une véritable action dans leur quotidien. Cela pourrait les rassurer. Cela les rassurerait sur leur emprise avec le monde, leur futur, et leur capacité de construire leur avenir. On peut apprendre à économiser l'eau, apprendre des gestes de développement durable, mais aussi des gestes plus civiques. Comment donner son avis au moment des élections ? Qu’est-ce que pourrait être un monde meilleur ? C'est l'occasion de parler de thèmes comme cela pour les inciter assez tôt au civisme. Il faut qu'ils soient les acteurs de leur monde. C'est fondamental pour toutes les chaînes jeunesse de parler des droits de l'enfant. Il y a moyen de le faire de manière pudique, non culpabilisante et anxiogène pour l'enfant. Nous allons le voir à partir de ce nouvel extrait.



Diffusion d’un extrait de « Gulli Mag » sur les droits de l’enfant.



-K. Leyzin : On voit typiquement sur ce genre d'images à quel point il est important d'aller plus loin grâce au Web. Il faut être à l'écoute des enfants, lire les courriers et les réactions qu'ils peuvent avoir autour de la journée de l’enfant, ainsi que répondre à leurs questions. Il faut prendre le temps de la formation, prendre le temps de leur expliquer vraiment, et se rapprocher des contenus scolaires via le Web.



- A.Gintzburger : Vous organisez d'ailleurs, Gulli programme toute une journée, la semaine prochaine je crois…



- K. Leyzin : Toute la semaine y est consacrée, nous ne sommes pas les seuls. C’est un sujet qui mobilise touy l’univers jeunesse, ce n’est pas facile à aborder car c'est difficile d'expliquer chacun des points de la charte des droits de l’enfant à un enfant qui n'a pas été confronté à certaines scènes de violence. Mais en même temps, il y est confronté en regardant les news. Ne vaut-il pas mieux décrypter et expliquer ? Lui proposer d’aller plus loin sur le site, lui dire : « va sur le site, tu auras plus d'informations, écris-nous ». D’être vraiment dans cette interactivité et de l’amener à agir, puisqu’on donne aussi beaucoup de conseils pour les aider, et même aux jeunes : car ce sont souvent les ados qui sont dans une démarche associative. Il faut les aider même jeunes à être acteurs de leur propre monde. Effectivement nous avons un rôle éducatif qui n'est pas toujours évident. Il peut passer par le divertissement. Sur les chaînes jeunesse, nous nous posons tous la question au quotidien. Maintenant, je suis persuadée que par le biais du divertissement et par le biais de ce que l’on donne à voir, nous pouvons aussi donner à réfléchir. Cela ne peut pas se faire sans un dialogue entre télévision, foyer, et école. Les éducateurs sont très importants pour nous dans ce domaine, mais les familles également. Les deux ne sont pas toujours présents à part égale pour chaque enfant. Mais peut-être que tantôt l'un, tantôt l'autre des trois acteurs, on arrivera peut-être à avoir une activité pro-active, et pourquoi pas, essayer de sensibiliser pour faire rentrer les écrans dans les écoles…



- A.Gintzburger : Le lien est trouvé pour vous passer la parole, Imad Bejani. Vous êtes directeur des actions éducatives de France 5. Votre travail consiste à tisser des liens avec le milieu scolaire, avec les enseignants, les ados et les enfants. En quoi consiste cette passion et ce travail-là ?



- I. Bejani : Je vais procéder en 2 temps : d’abord une présentation générale de ce que nous faisons à France 5 dans le domaine éducatif, et ensuite je vais juste lancer deux problématiques.


France 5 a une particularité dans le PAF : dans notre cahier des charges et d’émissions, une des raisons de la création de la chaîne, c'est une mission éducative. Nous avons une priorité, c'est de nous adresser au monde enseignant. Il nous faut promouvoir l'éducation par l'image, par la télévision. C'est initialement le projet, le cahier des charges de la chaîne. Avec le temps, pour que les choses soient claires, sauf académisme, on peut éveiller la curiosité avec la télé, mais ce n'est pas de l'éducation. C'est important de voir cela. Ensuite, le flux n'est pas adapté pour véhiculer de l'information, donc nous nous avons opté assez tôt, chez France 5 depuis 2001, pour que les actions éducatives basculent essentiellement sur Internet. C'est beaucoup mieux adapté. L’information est résidente : on vient avec une intention, on peut être par hasard devant sa télé, mais on est n’est jamais par hasard sur Internet. C'est un schéma que la plupart des télés suivent. La BBC s'est restructurée, et l'éducation est au sein des activités interactives. Ce n'est pas à la même échelle que nous.



- A.Gintzburger : On voit bien les deux sites essentiels par lesquels on peut communiquer avec vous…



- I. Bejani : Oui, le premier site, c'est education.france5.fr, il est ouvert à tous, on parle au plus grand nombre. On passe de la télé à l'éducatif. On va faire ce prolongement des programmes dont parlait Karine. On va donner un peu plus de consistance et de mise en contexte de nos programmes. On ne cherche pas à faire de l'éducatif à l'antenne : on cherche à mettre en appétit, et ceux qui en veulent plus, en trouveront plus en allant sur ce site. Aujourd'hui, nous avons 200 000 visiteurs : pour un site spécialisé, c'est pas mal. Nous savons que les 30 millions de pages vues le sont à 2/3 par des enseignants. C'est un site qui marche bien. On réserve une part belle à l'image. Nous allons à l'avenir accentuer cette tendance. Nous produisons des vidéos qui ne vont pas à l’antenne et vont directement sur le site. On considère que c’est un usage particulier.

Le deuxième site que l’on anime, c'est un GIE : un groupement d'intérêt économique entre France 5 et le CNPD, on va dire l'Education nationale pour simplifier. C’est le Centre National de Documentation Pédagogique. Nous sommes sur une offre beaucoup plus spécialisée. On peut parler de pédagogie. On est au sein de l’établissement scolaire, et nous allons fournir un complément aux manuels scolaires. On ne va pas s'y substituer, on va ajouter de la vidéo en ligne avec les programmes scolaires. J’aurais bien voulu vous montrer des images, mais il n’y a pas de liaison internet, donc je ne peux pas vous montrer cela. Je me contente d'une copie d'écran. Vous pouvez y aller. C'est une offre qui est sur abonnement mais on peut voir pas mal de choses là-dessus.



- A.Gintzburger : On peut dire que les enseignants s'en servent en classe, ou peuvent s’en servir en classe.



- I. Bejani : Aujourd'hui sur ce site, qui bénéficie de soutien de l'Education nationale, on fait de la VOD. Xavier Darcos avait inauguré ce site-là. Je vous invite à aller le voir. Il est présent dans 3000 établissements scolaires aujourd'hui. Le taux de pénétration dans les collèges et les lycées commence à être intéressant. Nous avons essentiellement des formats courts : il y a environ 2400 séquences, reportages documentaires, magazines de 2-3 minutes. C'est du gros boulot. Les deux sites demandent un effort qui ne peut pas être accessoire pour une chaîne de télévision. Nous sommes une équipe importante, ce n'est pas deux ou trois personnes qui vont pouvoir faire ce genre de travail. Derrière, il y a toute une expertise pédagogique, on s'appuie sur des enseignants.


Je lance deux ou trois idées qui sont plus spécialisées par rapport aux débats d'aujourd'hui. Je ne sais pas si cela intéressera tout le monde. Au sein de l'Education nationale et des enseignements, on s'intéresse à ces problématiques. On peut parler de pédagogie alternative. Ce qu'on remarque, et là je suis empirique, on ne fait pas de théorie, on n’a pas fait d’études statistiquement valides : notre expérience montre qu'il y a une valeur pédagogique à l'image. C'est un complément ludique. Nous en plus, nous véhiculons l'image par Internet. Nous sommes à l’intersection de la pédagogie, de l’image et d’Internet. On aura aussi cet aspect interactif où l'élève est aussi acteur. C'est très adapté au travail hors temps scolaire. Si l'élève n'a pas compris durant la journée, ce n'est pas la peine de lui répéter la même chose le soir. On essaie de lui donner autre chose, ce qui donne un éclairage alternatif, et rend l’apprenant acteur de son apprentissage. C'est important car il y a un changement dans la hiérarchie entre l'enseignant et l'élève. L'élève prend un peu le pouvoir. Mais cela bouleverse un certain nombre de données dans la relation référent/apprenant. Cela pose un certain nombre de challenges. Notamment celui de la linéarité du savoir. Sur Internet notamment, et avec l’image, l'élève a beaucoup de connaissances. En moyenne, un élève lit cinq à dix fois plus qu'en 1950. Ce n'est donc pas vrai que les élèves lisent moins : ils lisent plus. Maintenant ils lisent des pages Web, des SMS, des blogs, etc… Il suffit d'aller sur Internet ou sur Wikipédia, et très vite, on rebondit de sujet en sujet. Ce rebond pose le problème de la linéarité et de l'homogénéité du savoir. La pédagogie, c'est tout le contraire. La pédagogie traditionnelle, c'est un parcours pédagogique. Il y a d'abord 1 puis 2 puis 3. Si on mélange cet ordre, nos enfants ont un savoir éclaté. Le challenge de l'école moderne, c'est de remettre un peu de sens dans tout cela, et d'aider les élèves à réorganiser ce savoir, qui parcelle par parcelle est valide, mais n’est pas mis en perspective. Il est donc nécessaire qu'il y ait une appropriation par l'école du Web et de l'image, car ce sont des véhicules inévitables aujourd'hui. Ils sont partout. C'est le langage privilégié de l'élève.

La deuxième problématique, c'était en filigrane dans le débat, on l'a vu dans le film qu’a passé Karine sur l'alimentation, c'est la télé qui donne des leçons. Nous évitons de le faire. On ne donne pas de leçons, on donne de la matière. Nous avons besoin de ce que l’on appelle le médiateur éducatif. Dans l'industrie du jeu, ce matin nous suggérions que l'enfant joue avec ses parents. Si j'étais adolescent, je ne voudrais pas que mes parents jouent avec moi. C'est du jeu, c'est autre chose. Dans le monde de l'éducation, et de la mise en perspective de l'intégration du savoir dans son contexte, nous avons besoin d'un médiateur éducatif. Il n'y a pas de raison que la télé, l'Internet ou les jeux vidéo détruisent l'image du référent, mais il faut qu’il soit légitime, il doit s’approprier ce langage. Nous essayons de promouvoir l'image, avec les membres du CLEMI (Centre de Liaison de l’Education aux Médias d’Informations), nous essayons de promouvoir l'appropriation par les référents que sont les enseignants, mais aussi parents et acteurs associatifs, de l’image, de l’Internet. C'est le moyen de devenir légitime. Nous trouvons que l'image est une opportunité pour l'éducation, et pour que l'élève raccroche à nouveau à l'éducation. Nous allons lui servir l'éducation dans un langage qu'il maîtrise et qu'il apprécie.



- A.Gintzburger : Merci beaucoup. Nous allons finir ce tour de table avec vous, Monsieur Henri Verdier. Vous êtes responsable innovation et développement de Lagardère Active. Pour vous, il n’y a pas suffisamment d’outils numériques pour avancer dans cette phase éducative vers les enfants. Depuis 1999, vous êtes engagé dans l’édition numérique et active. Vous avez travaillé avec l'Education nationale. Il y a une collection de trois CD-ROM qui s'appelle « La main à la pâte », sur laquelle vous avez travaillé avec l’association de Georges Charpak, prix Nobel de physique en 1992. Que pouvez-vous dire sur cette question de l'éducation par le virtuel ?

- H. Verdier : Pour commencer, je voudrais partir d'un problème simple. L'éducation et les écrans, c'est le sens commun. Tout le monde croit savoir ce que c’est, nous en avons des représentations spontanées bien ancrées. Nous avons tous été éduqués, nous avons éduqué des enfants, donc nous croyons savoir. Mais si je pouvais faire passer un seul message, je voudrais vous dire cet après-midi que c'est un peu plus compliqué, car il y a plusieurs formes d'éducation, dont l'une est l'Education nationale. Notre ministre est arrivé… Mais il y a aussi de très nombreuses formes d’écran. Si on se demande : « est-ce que les écrans permettent d'éduquer ? », on pose la mauvaise question. Si j'arrive à faire passer l’idée que c'est la société qui s'organise avec une distribution sociale des rôles pour éduquer ces dix millions d'enfants dans les familles, à l'école, dans les associations, dans le monde du travail, et qu'on utilise, et on bricole, et on fait comme on peut avec toutes sortes d'outils qui ont des points forts et des points faibles, j’aurai aidé à faire passer un message qui aidera à se poser différemment les questions. Nous parlons toujours d'éducation, mais rendez-vous compte qu’entre l'éveil que l'on donne à un petit enfant , le préscolaire et les premiers concepts qu'on transmet, l'éducation scolaire qui est la transmission du savoir disciplinaire qui structure des esprits et des modes de raisonnement, l'apprentissage d'un savoir, apprendre une langue, les messages comportementaux, la formation continue dans le monde du travail ensuite, tout ceci, ce sont des éducations. On ne va pas poser la même question pour ces différentes formes d'éducation.

De même, quand on parle des outils et des écrans, il y a tellement de sortes de produits, d’expérimentations, d'essais. Dans le métier, on parle de technologie de l'information et de la communication. Essayons de mesurer que cela veut dire trois directions, et immenses. Technologie, cela veut dire que nous avons des ordinateurs qui savent calculer, donc nous pouvons faire des simulations, des modélisations, nouer des formes d'interactions comme on l’a vu avec le jeu vidéo ; traquer un enfant, parce qu’on peut enregistrer son profil, ses points forts, ses points faibles. De l'information, cela veut dire que nous pouvons transmettre de l'information en temps réel, de l'image, de la vidéo. De la communication, cela veut dire que nous mettons des gens en réseau. Nous pouvons faire travailler à l'école ou en dehors de l'école. On peut apprendre aux élèves à faire un travail collectif, à contribuer ensemble à une encyclopédie comme Wikipédia.

Donc les écrans, ce n'est pas uniquement du jeu, une émission de télé, ou telle ou telle image qui nous vient spontanément. C'est trois directions : de l’information, de la technologie, et de la communication. Nous pouvons dire un certain nombre de choses sur ce problème. Pour commencer, le fait que la demande sociale d'éducation est quelque chose qui explose. Il faut le mesurer. A la fois par un besoin de notre société : nous entrons dans une économie de l'immatériel. L'Occident garde de plus en plus de métiers sophistiqués, et la compétition économique internationale, face à une réserve virtuellement infinie de main-d’œuvre non qualifiée, en tout cas supérieure aux besoins de consommation de nos pays, a besoin de gens instruits. Surtout les individus, pour des raisons d'épanouissement personnel et puis beaucoup par inquiétude sur l'avenir... L'éducation, c’est un point que chacun doit garder à l'esprit, c'est une compétition : compétition pour les meilleurs diplômes et pour les meilleurs emplois. Les parents ont envie de donner le meilleur à leurs enfants. Cela nous pose un problème car pendant des années, l'Education nationale garantissait l'égalité de la République. Elle donnait à chacun le même programme, la même chance. La sélection était vive. En 1950, 5% d'une classe d'âge atteignaient le niveau du baccalauréat. En 1986, 35% d'une classe d'âge. Aujourd'hui nous sommes à 70% d'une classe d'âge. Nous avons répondu à une inquiétude de la société, et à un ensemble d'autres raisons, en augmentant substantiellement l'offre de l'éducation, et donc le nombre de gens qui restent dans le système. Les familles ont besoin de différenciation, elles veulent que leurs enfants reçoivent le meilleur. Elles vont donc interroger le système en se demandant : qu'est-ce qu'on peut faire pour mon enfant ? Dans l'Education nationale, on garde des gens qu’on avait renoncé à éduquer autrefois. C'est un progrès, mais c’est des difficultés techniques considérables. A côté de l'Education nationale, il y a une explosion de solutions portées par les familles. Les chiffres sont éloquents : en moyenne, les parents passent une heure par jour à aider les enfants en primaire à faire leurs devoirs. En moyenne, un collégien sur trois se paye des cours de soutien scolaire. En moyenne, un lycéen sur deux se paie des cours de soutien scolaire. On estime que les familles françaises dépensent 2 milliards d’euros par an à s'acheter du soutien scolaire. Je crois que c'est le début de l'équation du problème.

Les écrans dans tout cela, on les sollicite dans l'Education nationale pour répondre à tous ces problèmes. Mais là encore, ce n'est pas une solution contre une autre. Ce n'est pas la télé, ou l'ordinateur, ou le jeu. Aujourd'hui, pour répondre aux différents problèmes de l’éducation, nous avons inventé des dizaines et des dizaines d'outils. Il y a des banques d'items, de vidéos structurées, des bases de données, des encyclopédies. Vous avez des sites qui donnent de l'information d'actualité, des bornes d'exercices dont certaines sont capables d'évaluer les élèves. Il y a de véritables manuels numériques et interactifs. Il y a des outils de simulation pour faire des expériences virtuelles, pour tester des concepts de géométrie. Il y a des outils de travail personnel à la maison, des outils de travail collectif pour structurer la communauté d'apprentissage, pour que les profs, les élèves et les parents nouent d'autres formes de relations. Vous avez des espaces numériques de travail qui sont déployés dans les écoles. Ce n'est pas l'écran : ce sont des dizaines et des dizaines de produits. Globalement, c'est la réflexion que je voulais partager.

Pour l'instant, le numérique n’a pas bouleversé les manières d'enseigner. Pour l'instant le numérique est rentré dans l'Education nationale à la marge, comme la télévision dans les années 70. Nous avions rêvé d'une télévision qui allait démocratiser le savoir, donner à voir, donner à comprendre. Elle n'a pas tenu ses promesses du côté de l'Education nationale, en tout cas du côté de sa partie la plus structurante et disciplinaire de l'éducation. Tout cela pour des tas de bonnes raisons. Car une télévision demande un rendez-vous à une heure donnée et on ne peut pas placer tout un établissement scolaire devant l’écran. La télévision ne mesure pas qui est là, est-ce qu’il a appris, pas appris : ce n’est pas interactif. Le prof ne donne pas seulement à voir de l'image, il noue une forme de relation bien différente. Simplement donner de l'image, même avec un commentaire pertinent, cela ne suffit pas.


Il y a une autre raison qui nous interroge, nous les praticiens du numérique éducatif. Il serait important qu'on apprenne à penser le fait que l'éducation aujourd'hui, la pratique de l'éducation, je parle devant le Ministre et j'espère qu'il sera d'accord, c'est d'avoir une politique publique, avec un million de personnes, avec une organisation très précise, qui a été inventée dans des conditions historiques très précises, globalement à la fin du 19ème siècle, globalement selon des modèles d’ordre tayloristes. On a divisé les matières avec un prof de maths, d'histoire, de géo, des moments : cela dure une heure, et des groupes : c’est la classe. On leur a assigné un programme officiel de travail. Cette organisation a évolué pendant un siècle avec ses outils. Aujourd'hui le manuel scolaire est parfaitement adapté à l'organisation, et l'organisation est parfaitement adaptée à cet outil. Tout le monde a le même programme qui s’incarne dans les manuels, il y a un degré de liberté dans les manuels, mais ils sont quand même contrôlés par le système. Tous ces outils qu'on a essayé de bricoler… Rendre l'enfant autonome, lui apprendre à travailler en équipe, évaluer un enfant pour trouver l’origine de sa lacune et le faire travailler ce qu’il a raté trois ans avant… Tous ces outils demanderaient, pour leur donner leur pleine efficacité, que l’on pense en même temps une autre organisation des pratiques d’éducation. Nous l'avons vécu dans tous les autres domaines des pratiques humaines qui ont été bouleversées par le numérique : la médecine, les journaux... En général quand il y a de nouveaux outils, on pense aussi à une nouvelle organisation, et il y a un gain de productivité. Je ne dirais pas cette expression devant une assemblée d'enseignants. Aujourd'hui, l'Education nationale, qui a une politique très active pour la diffusion des nouvelles technologiques, qui a une population de la population française la plus familière d’Internet, avec les enseignants : ils sont les plus équipés à domicile, ils n’en n’ont pas peur, ils s'en servent, ils contribuent à Wikipédia… 5000 profs de maths ont fait une encyclopédie d’exercices de maths « Sesamath »… Pourtant, les pratiques d'enseignants sont les mêmes que ce que nous faisions il y a trente ans : dans une salle de classe, vous ne seriez pas dépaysés.


Pour conclure, c'est le chantier des années qui viennent... Tôt ou tard on repensera les objectifs de l'école, ses méthodes et ses outils et on inventera des possibilités de jeu qui permettront d’utiliser ce que les outils numériques permettent d’apporter : de la personnalisation, de la re-médiation, du travail collectif, de l'autonomie dans la construction du savoir... Aujourd'hui, ce qui nous attend à court terme, c'est que les écrans, le numérique sont en train de prospérer à côté de l'éducation, notamment dans le soutien scolaire qui, comme je l'ai rappelé tout à l'heure, est en train de répondre à une angoisse, à une préoccupation croissante des familles. C'est un gros marché qui se structure et qui se professionnalise. Il commence à investir pour développer des outils de diagnostic de suivi, de re-médiation...

- A.Gintzburger : Et cela fait que certaines familles se sentent exclus du savoir… Il y a énormément d'enfants qui par choix de leurs parents n'ont pas accès aux cours particuliers et se sentent marginalisés.

- H. Verdier : J'entendais pendant la campagne présidentielle des réflexions sur le soutien scolaire pour les enfants, donner cinq heures de soutien scolaire pour les enfants. Car ce que l'on veut, c'est sauver les enfants… Les écrans vont transmettre de l'éducation à côté de l'Education nationale. Il y a le soutien scolaire. Il y a quelque chose qui est en train d'exploser depuis quelques années, c'est la formation en entreprise. Elle avait prospéré, elle avait coulé, et maintenant redémarre. Il y a aussi l'éducation informelle, les musées, le Palais de la découverte, les chaînes de télévision à vocation jeunesse... C’est aussi de l’éducation. Ce n'est pas parce que j'ai parlé du cœur régalien qu’est la politique de l'Education nationale, que la société française ne continue pas de s'éduquer de partout.

- A.Gintzburger : Merci. Avant de donner la parole à Monsieur le Ministre, peut-être y a-t-il des questions, sur ces trois interventions… Sur le rôle, la responsabilité, la culpabilité des programmateurs d’émissions jeunesse... Sur la manière dont les chaînes peuvent investir dans l'éducatif, s'investir… Et toutes ces questions sur le virtuel et ces écrans qui ne rentrent pas suffisamment à l'école... Avez-vous des questions ? Mademoiselle... Cette jeune femme qui a un passé de joueuse…



- Une auditrice dans la salle : Vous parliez d'éducation par le numérique, je pense que nous allons proposer quelque chose, enfin, un terrain d'expérimentation intéressant avec « Wakfu ». Ce sera de l'éducation informelle. Dans notre prochain jeu, on propose un jeu sans personnages non jouables. Nous allons mettre en place un système de gouverneurs, qui seront élus par les joueurs. Je pense que l’on pourra développer une certaine notion de civisme. Les joueurs auront un pouvoir total sur l'écosystème. Ce sera bien pour les sensibiliser à cela. Ils pourront détruire, ou protéger la faune et la flore. Ils seront dans un univers virtuel et verront ce qui pourrait se passer réellement dans le monde. Ils pourront voir un groupe en train d'exterminer une race. Ils verront que leur passivité aura des conséquences. Ce sera peut-être un moyen de leur faire prendre conscience de ce qui se passe réellement, et de les rendre plus proches des problématiques lointaines. La notion de civisme, c'est intéressant, ce système de gouverneur. C'est aux joueurs de parler entre eux, de régler leurs problèmes. C'est une toute petite porte que nous ouvrons vers l'éducation par le numérique.



- A.Gintzburger : Une autre question… Madame ...



- Une auditrice dans la salle : Je suis venue écouter ce colloque en tant que publicitaire pour la marque Mattel. Finalement, votre intervention me pose beaucoup de questions, mais pour une autre casquette que j'ai, celle de l'enseignement à l'université. Vous disiez que le numérique n'avait pas tellement changé les pratiques d'enseignement. Moi, dans mon expérience, pour des gens plus âgés qui ont déjà le bac, j'ai vécu un vrai raz-de-marée. Il y a eu un vrai chamboulement car la révolution numérique dans l'enseignement est arrivée chez les étudiants. Elle m'a obligée à revoir ma pratique. Je ne peux plus, alors que je le pouvais il y a sept ans, je ne peux plus proposer des exercices d'application à des étudiants qui le font chez eux ou en groupes, qui sont des exercices de recherche d'identification d’information, des exercices qui étaient jusqu'à présent d'investigateurs. Je suis obligée de changer de point de vue et d'exercice, pour leur demander aujourd'hui de la gestion d'information, de l'organisation, de la problématisation. Ce sont des exigences différentes, et qui ont fait basculer la façon d'enseigner. Je voudrais que vous reprécisiez votre point de vue. Il y a peut-être des nuances sur lesquelles nous pouvons nous accorder. J'ai un étonnement par rapport à tout cela…



- H. Verdier : Il y a une énorme différence entre les 55 000 écoles primaires qui sont disséminées partout en France, et les universités. Tout se passe comme si, je ne sais pas si un inspecteur de l'éducation générale serait d’accord avec moi, l'éducation avait deux composantes : transmettre des savoirs, et il y a aussi une relation humaine. Dans la primo-éducation, on transmet d'abord l'attitude dans les rapports humains et un peu de savoir, et petit à petit, on transmet plus de savoir et plus beaucoup de comportement. Dans les universités, la donne est très différente. Cela se renouvelle, se bouleverse. Il y a trois facs de médecine en France où il n'y a plus de cours d’amphis, on dit : regardez le DVD du cours et venez voir le prof par petits groupes pour faire les TD. Vous avez donc raison. Vous avez en plus glissé quelque chose dans votre intervention que j’aurai du rajouter dans mon tableau. Les écrans ont un autre rôle sur l'éducation : ils la débordent. Ma grand-mère, pour elle, l'école a été le lieu le plus intéressant, le plus riche en médias de leur vie. On y voyait des peintures, des leçons de choses... Aujourd'hui, c'est un lieu relativement pauvre en stimulations, en images, en médias. Je ne conseille pas pour autant à l'école de foncer dans l’excitation médiatique. Mais elle doit penser son rôle en tant que lieu du recueillement alors qu’avant elle était le lieu de la stimulation.


- A.Gintzburger : Je propose maintenant à Monsieur le Ministre de nous rejoindre. Cela nous permettra de clore, avant quelques questions, cette journée de réflexion. Le virtuel à l'école ? On y vient ... Mais « peut mieux faire », c'est ça ?



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